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L’Enseignement Supérieur au Sénégal : Enjeux et Perspectives

7 octobre 2009
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L’Enseignement Supérieur au Sénégal : Enjeux et Perspectives

Il suffit de rappeler, ici, que cette institution avait été à l’origine de la décision du gouvernement du Sénégal de ramener le nombre d’étudiants de l’UCAD à seize mille ? En ce qui concerne les Nations Unies, elles se rendent compte que pour mieux atteindre les Objectifs du Millénaire Pour le Développement (OMD), la contribution de l’enseignement supérieur est fondamentale. Après avoir restreint l’Education Pour Tous (EPT) à l’enseignement primaire avant de l’élargir au secondaire, la communauté internationale reconsidère la place et le rôle de l’Enseignement Supérieur, particulièrement en Afrique. Ceci se comprend aisément parce que le développement durable prôné par les Nations Unies n’est pas envisageable sans une contribution significative de l’enseignement supérieur. Des penseurs éclairés soutiennent que les universités de classe mondiale sont innervées par trois facteurs : des enseignants-chercheurs de qualité, des étudiants talentueux et des ressources financières suffisantes. Aussi, tous les pays du monde développé accordent aujourd’hui une attention particulière à l’enseignement supérieur. Les publications établissent une corrélation très nette entre le taux d’enrôlement dans l’enseignement supérieur et le niveau de développement. En guise d’illustration, le développement de la Corée du Sud est comparé à celui du Ghana. Ce qui du reste est valable pour la plupart des pays Africains qui, dans les années soixante, en étaient au même niveau que la Corée du Sud. Le bien le plus précieux devient de plus en plus le niveau moyen de connaissance. Tous les indicateurs pour un développement durable (la bonne gouvernance, la création de richesse, l’équité, etc.) en sont tributaires.

En Afrique, les flux d’étudiants crées par l’Education Pour Tous (EPT) ne sont pas absorbés par l’enseignement supérieur malgré le développement fulgurant de l’enseignement supérieur privé. Les universités publiques n’arrivent pas à absorber les flux des bacheliers. Peut-être qu’il faudrait se demander quelle est l’institution universitaire qui pourrait supporter une augmentation de ses effectifs de 10% par année pendant cinq années ? La question a été posée aux Universités les mieux cotées du monde. La réponse est qu’il est impossible d’y faire face de façon efficace. C’est pourtant ce que la plupart des Universités publiques Africaines ont enduré ces dix dernières années. Il ne faut pas se voiler la face et s’absoudre à bon compte : nos responsabilités sont effectives dans l’avènement d’une telle situation. L’état de l’Enseignement Supérieur en Afrique atteste de notre compréhension collective de sa place et de son rôle. Sommes-nous d’accord pour dire que l’enseignement supérieur est le moteur de la transformation en profondeur de la société par ses produits, sa recherche et ses services ? Il faut reconnaître que l’enseignement supérieur en Afrique est un héritage de la colonisation, et se demander si les Africains l’ont internalisé à suffisance, en le repensant par nous-mêmes et en fonction de nos contraintes, exigences et visées, pour en tirer le meilleur parti ? Toute la population, des gouvernants aux agriculteurs et éleveurs en passant par les industriels, dans son imaginaire le plus profond, a-t-elle conscience de confier son devenir à l’université ? Qu’est ce que l’enseignement supérieur fait pour mériter ce statut ? Il appartient aux universités de trouver des alliances dans la société pour mériter de ce statut, alliances sans lesquelles aucune efficience n’est envisageable. Sous nos tropiques, les universités doivent chaque jour prouver leur utilité au niveau des gouvernants, des employeurs, et de la population en général, particulièrement auprès de nos compatriotes du monde rural. Il nous faut descendre des tours d’ivoire qui ont longtemps caractérisé le système d’enseignement supérieur, particulièrement les universités en Afrique. Les rencontres au niveau de l’UNESCO, de l’AUA, du CAMES, de la CRUFAOCI, attestent des résultats importants obtenus par l’enseignement supérieur en Afrique. Tous les pays font des efforts, remarquables à tous égards.

Outre les partenaires historiques - la France et la Grande Bretagne - , nous avons enregistré la participation progressive de l’Allemagne, du Canada, de la Belgique, de la Suisse, du Japon, de la Chine, de l’Inde, du Luxembourg, de l’IRAN, d’Israël, de la Malaisie, de la Turquie, du Brésil, des Pays Bas, de la Suède, de l’Italie et l’engagement récent des Etats-Unis. Il est clair que la globalisation est un élément non négligeable qui explique ce regain d’intérêt pour l’enseignement supérieur. Tôt ou tard, l’Afrique produira une masse critique de cadres à même de défendre ses intérêts et ces derniers ne travailleront qu’avec ceux qui préservent leurs intérêts. Comment comprendre qu’un continent aussi riche soit si dramatiquement pauvre. Il est établi que l’Afrique gagne 4 milliards de dollars dans la commercialisation du cacao alors que le chiffre d’affaire mondial du chocolat est de 75 milliards de dollars. Le rapport est quasi identique entre les autres matières premières et les produits finis. Naturellement, l’Afrique doit se mobiliser pour prendre part à la société de la connaissance, mettre une couche de propriété immatérielle sur chacun de ses produits et prendre toute sa part dans la société des technologies de l’information et de la communication. L’enseignement supérieur, par les connaissances disponibles et la recherche, est le lieu social dans lequel se construisent les réponses à cet effet. L’Afrique devra savoir ce qu’est l’enseignement supérieur et de quoi il doit procéder.

Un ancien Recteur disait que l’université n’est rien d’autre qu’une concentration d’intelligences qui a comme rôle de répondre aux besoins de la société particulièrement de sa société. L’UNESCO, tout en exhortant à l’efficience du système d’enseignement supérieur, la situe à l’aune, entre autres, de l’insertion des diplômés dans le tissu économique, de sa capacité à ouvrir le marché, et des réponses qu’il donne aux questions qui se posent dans sa société.

Le système d’enseignement supérieur au Sénégal peut être daté à partir de 1918 avec la création de l’école de médecine. Naturellement, il est loisible de convoquer les foyers religieux qui, bien avant, ont été des cercles de production et de diffusion de connaissance. La création de l’université de Dakar en 1957 a engendré des discussions intenses. La puissance colonisatrice voulait elle par cette Université perpétuer sa domination ? Cinquante deux ans après, qu’avons-nous fait de l’Enseignement Supérieur ? Il faut reconnaître que l’université de Dakar, devenue Université Cheikh Anta DIOP de Dakar en 1986, a apporté une contribution décisive à la formation des cadres Africains notamment Francophones. A ce titre, elle est en partie responsable de la situation de certains de nos pays ; ses produits constituant la plupart de nos dirigeants. L’Université avait elle conscience de former les transformateurs de la société ? Les curriculla étaient- ils construits à cet effet ? Quelles sont les valeurs éthiques que l’Université a vulgarisées ? L’université a-t-elle promu sa devise « Lux Mea Lex » : la lumière est ma loi ? La déconstruction du modèle de l’enseignement supérieur hérité de la colonisation est une urgente exigence. Or, l’urgence est un concept du temps. Aussi, Il nous appartient de bâtir sans délai un système d’enseignement supérieur conforme à la promotion de nos valeurs culturelles, économiques et sociales. Le système devra produire des diplômés respectueux de notre héritage culturel, avec des capacités leur permettant d’apporter les changements bénéfiques à la société et un comportement éthique très élevé.

Depuis 2007, le système d’enseignement supérieur sénégalais comprend quatre Universités, un collège universitaire et un nombre important d’établissements privés. Cette dernière composante du système d’enseignement supérieur nécessite une réflexion spécifique ; ce qui n’est pas l’objet de cette contribution. L’Etat, dans son propre intérêt, devra sans délai normer ce secteur. L’accréditation qui est actuellement de rigueur dans le secteur serait une bonne orientation et d’une grande utilité.

Nous allons traiter de ce qui, à notre avis, doit constituer les fondements de l’enseignement supérieur au Sénégal. Nous traiterons successivement de la reconnaissance, du financement, de la recherche, de l’accès et des formations, des conditions de vie des étudiants et des valeurs à promouvoir.

La population Sénégalaise doit avoir conscience du fait qu’elle confie à l’enseignement supérieur la construction de son devenir. Les politiciens gèrent au quotidien les intérêts du pays mais c’est le système d’enseignement supérieur qui produit, grâce aux apports multiformes de ses diplômés, sa recherche et ses services, les atouts pour la mise en œuvre efficace des différentes politiques. Sans ressources humaines de qualité, aucune politique n’a de chance de succès. Nous devons alors, dans un monde fondé sur la connaissance, magnifier l’apport de l’enseignement supérieur et bâtir un consensus sur ce secteur stratégique. Toutes les composantes de notre communauté nationale (le gouvernement, les partis politiques, les syndicats, les employeurs, les diplômés, les enseignants, les agents administratifs, techniques et de services, les étudiants) devront s’accorder pour donner à l’enseignement supérieur l’environnement apaisé et les moyens nécessaires à un accomplissement correct de ses missions. Sommes – nous tous d’accord pour mettre en place un système d’enseignement supérieur bien réparti à travers le pays et respectueux des standards internationaux ? Pour prétendre à des résultats à la hauteur des enjeux du monde, une stabilité basée sur un consensus d’au moins cinq années est nécessaire. Les analystes montrent que, dans ce domaine comme dans bien d’autres aussi, aucun résultat significatif ne peut être obtenu dans le court terme. Il faut travailler sur les moyens et long termes. Les évolutions étant très rapides dans ce secteur, toutes les projections durables se font à moyen terme et les évaluations et des réorientations permanentes sont opérées pour atteindre des résultats durables.

Les partis politiques doivent se convaincre d’avoir un regard sur l’enseignement supérieur pour ses produits et non pour ses propensions à « perturber ». Il est impossible d’interdire toute activité politique au sein des établissements d’enseignement supérieur mais chacun doit assumer ses responsabilités. Le gouvernement devra, par une politique juste et équitable, fournir des ressources financières à la hauteur de ses moyens, veiller sur leur utilisation optimale et montrer son adhésion au consensus. Force est de reconnaître que dans la dernière période, des moyens sans précédent ont été mobilisés par l’Etat pour l’enseignement supérieur. Dans son propre intérêt, l’Etat doit persévérer dans cette direction. Il faut saluer l’augmentation des salaires des enseignants ainsi que la réalisation de certaines infrastructures. Est-il possible de dire la même chose pour les bourses ? L’orientation généreuse de l’Etat consistant à donner la bourse ou l’aide à tous les étudiants a engendré des pratiques aux antipodes des règles éthiques. Certains étudiants s’inscrivent à l’UCAD uniquement pour obtenir une bourse ou une aide ou pour bénéficier des œuvres sociales. S’ils ne sont pas souvent absents, ils viennent aux enseignements avec les uniformes d’établissement d’enseignement supérieur privé. Les absences sont révélées par les fiches de présence aux enseignements dirigés et pratiques, et particulièrement lors des évaluations. Pourtant, l’essentiel des perturbations dans le système, dans la dernière période, est due au retard de paiement des bourses ou aides. Pendant que l’Etat mobilise des fonds énormes pour les bourses (les montants alloués sont de loin supérieurs au budget de l’UCAD), les nouvelles universités souffrent d’un manque criard d’infrastructures. Une université ne peut se passer du béton malgré le développement des technologies de l’information et de la communication. Chaque peuple bâtit ses universités en fonction de ses propres imaginaires et ambitions. Dans certains pays, les châteaux les plus beaux, les bâtiments les plus modernes abritent les universités. Les partis politiques de l’opposition ont tout aussi intérêt à stabiliser le système d’enseignement supérieur. En effet, ils auront besoin de ressources humaines de qualité pour, une fois au pouvoir, conduire leurs politiques. Les syndicats du secteur, au delà des intérêts matériels et moraux des mandants, doivent contribuer davantage à l’efficience du système et prendre toutes les dispositions pour le promouvoir. Il s’agit aussi d’apporter leurs contributions à son rayonnement. Dans un passé récent, des acquis syndicaux importants ont participé au rayonnement du système d’enseignement. En fait, il s’agit plus de servir le système et non de s’en servir exclusivement.

Les universités devront trouver les voies et moyens d’avoir à leurs côtés toutes les composantes de la société particulièrement les entreprises et les diplômés. Le système d’enseignement supérieur, dans son propre intérêt, doit contracter avec tous les segments notamment productifs de la société. La société, en général, devra prendre part et dire son mot sur les formations, la recherche, la stabilité et le financement de l’université. C’est tout le sens qu’il faut donner à la volonté des autorités de mettre en place des Conseils d’Administration dans les nouvelles universités. En faisant présider ces Conseils par des non universitaires, la volonté du législateur est de mettre la société au cœur de la gouvernance des universités. Pour avoir un environnement similaire, l’UCAD a aidé à la création de la Fondation UCAD et quinze des dix sept membres du conseil de Fondation sont des non académiques. La présidente du conseil de fondation est choisie parmi les membres non académiques. Les universités, grâce à la contractualisation, verront tous les segments de la société participer à leur promotion et auront ainsi plus de moyens pour renforcer leur efficience.

Les diplômés de l’enseignement supérieur ont une responsabilité extraordinaire dans la construction des ponts entre l’enseignement supérieur et les autres segments de la société. Ils devront s’engager dans la gouvernance des universités et y défendre les intérêts de la société. Les diplômés doivent, par le respect qu’ils vouent à la connaissance, promouvoir l’amour du savoir dans la Communauté. Une société qui n’a pas d’égards pour le savoir est une société inévitablement en décadence. Les diplômés doivent avoir des comportements éthiques et solidaires. En puisant dans les valeurs d’une solidarité dépourvue de parasitisme, ce qui est du reste conforme à nos valeurs de société, les diplômés ont le devoir de renvoyer l’ascenseur à l’université qui leur a permis d’occuper les meilleures positions dans la société. Les établissements d’enseignement supérieur doivent les impliquer dans leur structuration en leur donnant les positions des plus prestigieuses. Avec l’image qu’elle offre aux étudiants, l’université devra tendre vers plus de progrès. L’université, grâce notamment à des dispositifs de reconnaissance idoine, rendra durable son partenariat avec les différents segments de la société particulièrement ses diplômés et ses généreux donateurs. Le système devra inventer des mécanismes par lesquels les diplômés reviennent collectivement à l’université.

Les enseignants-chercheurs et les chercheurs sont la clé de voûte du système. Tous les collègues ont- ils conscience de leurs responsabilités vis-à-vis du système et de la société ? L’UNESCO, dans sa recommandation pour le personnel enseignant de l’enseignement supérieur, tout en précisant les droits, définit les devoirs. Entre autres, il est demandé aux universitaires d’être les dépositaires de l’éthique mais aussi de se requalifier en permanence par la recherche et, si c’est possible, par la documentation dans leurs disciplines respectives, car dans ce secteur, il n’est pas possible de se maintenir sans la recherche. Par cette dernière, on est soit au fait de sa discipline, soit lâché. Les enseignants de l’enseignement supérieur font de sérieux efforts pour respecter les standards. Ils sont chargés de la défense de l’éthique dans leur société et de la promotion du progrès de tous particulièrement des minorités et des femmes. Les comportements de certains collègues sont tout simplement inacceptables ! Nous devons les dénoncer et trouver les voies et moyens d’y remédier rapidement. Nous devons veiller à la sacralité de notre fonction. Nous devons mener des recherches de qualité, réactualiser en permanence nos enseignements, rester disponibles pour les étudiants et la société. Avec pareil agenda, il est certain qu’aucun enseignant du supérieur ne devrait avoir le temps de se disperser, particulièrement dans les autres systèmes d’enseignement pour ne pas parler du privé. L’expertise est une donnée permanente de l’enseignement supérieur. Dés lors que l’enseignant de l’enseignement supérieur doit consacrer la totalité de son temps à l’université, cette dernière doit améliorer au plus vite le système de vente d’expertise pour préserver ses intérêts, en particulier sa mission. Les enseignants de l’enseignement supérieur, par leurs recherches, leurs enseignements, leurs engagements pour la société, sont les dépositaires du sceau de chaque établissement. Sous d’autres cieux, chaque établissement vise à s’attacher les services des meilleurs à des niveaux de prix souvent astronomiques. Les enseignants, en plus de leurs recherches et de leurs enseignements, doivent marquer leur présence sur le campus de façon singulière. Il serait illusoire de vouloir développer une institution d’enseignement supérieur sans une présence permanente. Il est clair que, sous nos cieux, nous n’avons pas les moyens financiers pour compenser les efforts soutenus des enseignants du supérieur. Toutefois, les efforts récents du gouvernement sénégalais sont à saluer. Tous les enseignants du système satisfont- ils les exigences du système ? Le parrain de l’UCAD a raison : nous devons, sans cesse, combattre nos paresses et bousculer notre confort intellectuel. La remise en cause est une exigence permanente pour l’enseignant du supérieur. Sa générosité doit être sans limite afin de partager son savoir, savoir-faire et surtout savoir-être. L’évaluation des enseignements devrait permettre des pratiques plus éthiques. Il y va de l’intérêt de l’enseignement supérieur et des leurs. Mais, reconnaissons ici, pour le déplorer, le barrage exercé par les enseignants sur cette question. De toute façon la communauté internationale mettra en place des organes d’accréditation et les universités qui n’instaureront pas un système d’évaluation des enseignements auront du mal à satisfaire les standards requis. Aucun système ne peut être performant sans évaluation. Les résistances sur la question de l’évaluation des enseignements cachent mal les maux du système. Les enseignants devraient maintenant réfléchir davantage sur ce qu’ils peuvent, individuellement et collectivement, apporter et non sur ce qu’ils tirent du système. Etre enseignant du supérieur est la plus grande noblesse que la société peut donner. Vous êtes, que dis-je, nous sommes chargés de former, modeler ceux qui transformeront notre société. Les enseignants du supérieur sont les premiers responsables de la stabilité et des avancées dans le secteur. Chacun devra, chaque année, se demander ce qu’il a apporté, si possible par le biais d’un rapport.

Les agents administratifs, techniques et de services sont les auxiliaires sans lesquels aucun système d’enseignement supérieur ne peut être performant. Ils sont responsables de la gestion au quotidien du système. Leur qualification est une exigence de l’efficacité. Ils doivent avoir conscience qu’ils côtoient chaque jour ceux qui seront les personnalités les plus importantes de demain. Ils doivent, malgré les difficultés, se mettre à leur disposition. Ils gèrent, entre autres, les ressources financières de l’université et doivent les utiliser de façon optimale et en rendre compte. Si naturellement, les maîtres d’œuvre, les responsables en dernier ressort sont les enseignants, il va de soi que sans l’avis des agents administratifs et techniques, leurs engagements, leurs compétences, aucune performance n’est envisageable. Sans leurs contributions, aucun campus ne sera vert et attractif. Les campus sont des lieux de vie et nous devons, en permanence, veiller à la qualité de l’environnement. S’ils ont conscience de la place de l’institution qu’ils servent dans la société, ils seront fiers et motivés pour la servir davantage. C’est un honneur d’être à côté de ce que la nation a de plus précieux et de contribuer à son éclosion.

Les étudiants sont l’autre composante essentielle du système. L’université a une fonction et est un espace de transition. L’adolescent ou l’adolescente y entre et, au bout de trois, cinq ou huit années, en sort, transformé(e) et capable de prendre en charge des responsabilités considérables. De plus en plus, de jeunes diplômés se lancent, après leurs études, dans la création d’entreprise pour mieux valoriser leurs talents que l’université a révélés voire consolidés. Premiers bénéficiaires du système, les étudiants doivent aussi comprendre que l’on entre à l’université comme on entre dans un dahra comme l’avait préconisé notre regretté juge Kéba Mbaye. Le taux de fréquentation de la bibliothèque universitaire est réconfortant. Certains étudiants, ils ne sont pas nombreux heureusement, n’ont aucun respect pour leurs enseignants et pour la connaissance. Ils pensent que l’université est un endroit de non droit. D’ailleurs, ceux qui ont ce comportement n’y réussissent pas. Dans le système d’enseignement supérieur, ce qui fait la différence, c’est le travail personnel, la persistance dans l’effort, la capacité à maîtriser soi-même son temps. Il y a une corrélation très nette entre le temps de travail et les succès aux évaluations. Les étudiants, dans leurs propres intérêts, doivent éviter les arrêts de travail. Chaque composante devra respecter ses devoirs vis-à-vis de l’université et la stabilité pourra être envisagée. Certains ne savent pas que dans le système anglo-saxon notamment aux Etats Unis, les étudiants ne vont jamais en grève. Certains diront qu’ils payent. Savent-ils que les meilleurs bénéficient de bourses ? Nous devons être clairs sur les droits mais aussi les devoirs des étudiants. Dans la compétition actuelle, les étudiants formés dans nos établissements ne doivent pas être lésés. Nombre de Sénégalais sont formés à l’étranger et seront en compétition avec les diplômés de nos universités.

Un des éléments du triangle de l’enseignement supérieur est son financement. Trois axes sont explorés : les ressources de l’Etat, les ressources du système lui-même par le biais des apprenants, des infrastructures, de la formation payante, de l’expertise des enseignants chercheurs, de la coopération internationale et les ressources de la société. Il appartient au système d’enseignement supérieur, par des rapports annuels, de convaincre l’Etat à améliorer en permanence sa contribution. Naturellement, le système à besoin à cet effet de plusieurs partenaires. Le rôle de plaidoyer doit être permanent et les résultats obtenus doivent en permanence être valorisé. Les ressources mobilisées par l’Etat, fondées sur une autre approche, peuvent avoir des résultats plus équitables et un impact plus conséquent. Les moyens mobilisés corrélés à l’environnement bancaire devraient permettre de générer plus de ressources pour l’enseignement supérieur. Le Sénégal doit créer un Fonds d’impulsion de l’enseignement supérieur qui servira à bâtir des infrastructures de qualité dans les établissements d’enseignement supérieur existants et de créer d’autres établissements d’enseignement supérieur dans les régions. Les infrastructures concernent aussi bien les bâtiments pédagogiques, sociaux que les équipements scientifiques et informatiques. Une attention particulière doit être accordée aux équipements scientifiques lourds. Les mécanismes d’alimentation et de gestion de ce Fonds sont déjà définis.

L’université est capable de générer des ressources importantes par son patrimoine immobilier, ses apprenants, la formation continue payante, l’expertise des enseignants-chercheurs et la coopération internationale. En effet, il est possible de mettre en place des droits d’inscription pédagogique afin d’améliorer la contribution des apprenants. Cette contribution ne doit être utilisée qu’à des fins strictement pédagogiques. Ces ressources doivent rester dans les établissements. Ces droits sont déjà crées dans nombre de facultés et d’institutions. Il s’agit de pouvoir s’entendre sur les taux et les mécanismes de gouvernance du Fonds. Les taux ne doivent pas être prohibitifs. Ils doivent être à la portée des étudiants. Les enseignants, les étudiants et le personnel administratif, doivent être représentés dans les instances de gouvernance du Fonds. La commission de gestion sera placée sous la responsabilité du chef d’établissement. Sur la base des demandes des départements et après consensus au sein de la commission, il exécute le programme et rend compte annuellement à l’assemblée de l’établissement avant de le faire devant l’assemblée de l’Université. Rien n’exclut d’explorer efficacement l’environnement bancaire. Ainsi, des investissements pédagogiques de qualité pourront être réalisés. L’éducation tout au long de la vie permet aux structures d’enseignement supérieur d’organiser des formations payantes. Cette opportunité ne doit pas créer des compétitions avec la formation initiale. Avec la réforme, nous avons tendance à ne mettre les formations attrayantes que dans la formation payante. Nous devons être attentifs à notre mission de service public. Les moyens générés par la formation payante contribuent de façon substantielle à l’accroissement des ressources financières de l’université. Bien gérés, ils doivent servir à l’amélioration de l’environnement de travail de la formation initiale. L’université, tendant compte des droits de propriétés intellectuelles, doit réglementer rapidement le système de la vente d’expertise. La complexité de la question et les spécificités des différentes composantes nécessitent une approche prudente, mobilisatrice et basée sur le consensus. L’université tire des moyens importants de la coopération internationale, elle devra mieux s’organiser pour en tirer le maximum d’avantages. Les partenaires doivent être informés des résultats obtenus.

Les universités doivent aussi explorer la contribution financière de la société. Un des moyens d’établir le pont entre l’université et la société est la Fondation d’université. A cet effet, le gouvernement, en rapport avec certains partenaires, devra mettre en place un cadre légal et réglementaire spécifique aux fondations d’université. Pour commencer, chaque fondation pourra mettre en place un plan de travail articulé autour de quatre axes : la contribution des diplômés ou amis, la contractualisation avec les entreprises et des segments de la société, les campagnes ciblées de financement et le Fonds de dépôts à terme. Les universités qui en ont la capacité peuvent faire gérer leurs licences ou/et brevets par la fondation. La gouvernance du conseil de fondation par la société met cette dernière au cœur du système. Ainsi, une meilleure synergie est créée entre l’université et sa société. Ici aussi, la place et le rôle des diplômés de l’université sont importants. Outre l’appui à la recherche, à la pédagogie, au management et au social, les Fondations d’université doivent, pour garantir l’équité dans le système, disposer d’un fonds de garantie pour l’accès aux crédits des étudiants. Ainsi, les étudiants qui n’ont pas de ressources (allocation du gouvernement ou soutien de la famille) pourront solliciter un crédit au niveau des banques pour financer leurs études. Ce système, un peu plus équitable, est en cours dans nombre de pays. Ce dispositif a la vertu de mettre en situation les apprenants. Au bout d’un temps, plusieurs acteurs vont concourir au financement du système et le cercle vertueux est obtenu.

L’enseignement supérieur requiert, pour son efficacité, des moyens conséquents, disions-nous. La bonne gestion exige que les ressources mobilisées, leur utilisation ainsi que les résultats obtenus soient connus de tous. Ainsi, toutes les universités doivent, après avoir adopté leurs programmes d’activités, les mettre sur leur site web afin que nul n’en ignore. Elles doivent se donner les moyens de leur large vulgarisation. Avec ces comptes rendus à la société, les membres de la communauté sont mieux informés sur leur université et plus enclins à collaborer avec elle.

L’enseignement supérieur est le sous système de l’éducation qui se développe grâce à la recherche parce que cette dernière irrigue toutes ses autres composantes : les formations, les services, etc. Tout est adossé à la recherche aussi bien les enseignements que les services et l’innovation. Dans l’enseignement supérieur, les programmes se renouvellent en permanence grâce aux résultats de la recherche. Dans ce sous système, rien n’est acquis définitivement, tout est remis en cause en permanence. L’économie mondiale est soutenue par les résultats de la recherche. La quête permanente de la vérité fonde l’enseignement supérieur. D’ailleurs, elle a été à l’origine de sa création depuis l’academos platonicien qui est son ancêtre. Les classements des institutions d’enseignement supérieur sont établis à partir principalement de critères fondés sur la recherche.

L’UCAD, suite au départ massif des français en 1970, n’a commencé à réorganiser son dispositif de recherche qu’en 2003. Loin d’affirmer qu’il n’y avait pas de recherche entre les deux dates, bien au contraire. Il y avait bien une recherche, féconde même par endroits. Toutefois, force est de reconnaître qu’il n’y avait pas un programme institutionnel de recherche. La communauté mondiale a beaucoup traité de la recherche, de la résolution des problèmes complexes, de la trans comme de l’interdisciplinarité. Pour mieux asseoir son efficience, l’UCAD a réorganisé son dispositif de recherche à partir de quatre paramètres : la transdisciplinarité, l’amélioration de l’environnement de recherche, le financement de la recherche, les droits de propriétés intellectuelles et la valorisation.

Avec plus de 1100 enseignants, environ 1000 doctorants, l’UCAD n’a mis en place que sept écoles doctorales. Chacune des écoles doctorales renferme des formations doctorales (cf. www.ucad.sn). Il est heureux de constater que l’essentiel de la communauté scientifique au Sénégal a adhéré aux écoles doctorales : des collègues des autres Universités, de l’IRD, de Pasteur et de l’ISRA. Cette communauté sera élargie, lors des regroupements des écoles doctorales, aux collègues d’Europe, d’Amérique, d’Asie et, si nous arrivons à mobiliser les financements, aux collègues de la sous région voire du Continent. L’objectif, outre la tension scientifique souhaitée sur le campus, est de créer en Afrique une communauté scientifique. En faisant côtoyer diverses disciplines, l’UCAD nourrit l’espoir, grâce à la transdisciplinarité, à l’interdisciplinarité, d’arriver à des résultats plus innovants. Il est par ailleurs recommandé à toutes les formations doctorales d’inclure dans leurs formations la pédagogie universitaire au même titre que l’anglais et l’informatique.

Le renforcement de l’environnement de recherche constitue le deuxième axe de la réorganisation de la recherche. Il est vrai que certains laboratoires, soutenus par des financements étrangers, disposaient de quelques atouts. Mais, ils n’étaient pas nombreux. L’UCAD, en plus de la bibliothèque, de la maison de l’université, est dotée d’un centre de conférence pour favoriser les rencontres et améliorer la tension scientifique. Le réseau informatique a été amélioré et la fibre prolongée dans tous les bureaux particulièrement ceux des enseignants chercheurs et des chercheurs. La bande passante a été élargie de deux à douze mégabits/s. Le programme un enseignant un ordinateur a permis de distribuer 370 ordinateurs portables. Une seconde phase est envisagée avec des coûts revus à la baisse. L’UCAD est en train de se doter d’un centre de mesure avec au rez de chaussée des équipements physico-chimiques lourds, au premier étage des laboratoires orientées marché et au second les incubateurs d’entreprise. Cette plate forme est le premier palier vers le parc scientifique et technologique. Il devra servir non seulement la recherche mais aussi l’environnement de l’entreprise. L’UCAD, tenant compte des atouts de la FMPOS, a l’ambition de bâtir une polyclinique sur son campus. Le centre médico-social qui en est la base est en cours de construction grâce à la coopération Turque. Il s’agit, ici aussi, de permettre aux collègues de médecine, pharmacie et odontostomatologie, par un environnement adéquat, d’exprimer pleinement la quintessence de leurs talents.

L’UCAD a aussi amélioré son dispositif de financement de la recherche. Il est basé sur trois axes : les fonds publics, les ressources de l’université et de la société et les fonds compétitifs. Outre les fonds destinés aux voyages d’études et aux primes de recherche, une enveloppe est mobilisée pour accompagner les écoles doctorales. L’UCAD met 40% des ressources de la fonction de service revenant au rectorat à la disposition des écoles doctorales. Elle prend en charge les regroupements ainsi que l’hébergement de certains participants. En plus, 50% des fonds mobilisés par la Fondation UCAD seront dédiés à la recherche. Une attention particulière est réservée aux fonds compétitifs. A cet effet, outre le dispositif de veille, les chercheurs sont formés pour la rédaction de requêtes de financement. Un bureau de Grant writing sera bientôt mis en place. Toutes les dispositions sont prises pour rendre compte de l’utilisation des fonds mises à notre disposition par la coopération internationale. Un guichet unique a été ouvert au niveau de la Direction de la coopération. L’expérience est menée à la satisfaction des collègues et des partenaires.

Le quatrième paramètre est relatif aux droits de propriétés intellectuelles et de la valorisation. Outre leur vulgarisation, des dispositions sont prises pour la création d’entreprise, le renforcement du partenariat public-privé. L’université doit être le principal soutien au développement de l’entreprise et de la culture d’entreprise. Il est paradoxal de constater que des segments entiers de notre société sont entre les mains de personnes non diplômées de l’enseignement supérieur. L’université a intérêt à se rapprocher de ces entrepreneurs pour un échange mutuellement bénéfique. La culture d’entreprise doit être au cœur de la stratégie des universités. Aucun secteur ne doit être négligé. Nous devons, sans délais, installer des incubateurs et autres parcs scientifiques et technologiques au sein ou à la périphérie des universités. Il ne s’agit pas seulement de former pour insérer les diplômés dans le marché mais aussi et en permanence d’ouvrir ce dernier par, entre autres, les connaissances disponibles et, si possible, celles nouvelles. A cet effet, une réorganisation complète du dispositif de recherche est nécessaire avec un environnement de travail approprié. En dotant les universités d’équipements scientifiques lourds, on soutient aussi bien la recherche que l’environnement de l’entreprise. Les entreprises n’auront pas à faire des investissements lourds sur des équipements et contracteront avec les universités pour avoir les mesures souhaitées avec toute la rigueur que requiert l’enseignement supérieur. A cet effet, L’UCAD, après avoir crée sa première SARL et en plus des projets qu’elle est entrain d’incuber, lancera « Sénégal Innovation » qui est une plate-forme de rencontres entre les chercheurs, les doctorants et des entrepreneurs tant locaux qu’internationaux.

En tenant compte des enjeux, des dispositions doivent être prises pour favoriser l’accès de tous ceux qui le souhaitent et qui en remplissent les conditions, à l’enseignement supérieur. Actuellement, plusieurs générations se croisent dans les systèmes d’enseignement supérieur pour faire ou parfaire leur formation. L’éducation tout au long de la vie est un des nouveaux paradigmes de l’enseignement supérieur. L’UNESCO recommande que les effectifs estudiantins à un niveau égal à 2% de la population pour qu’il y ait un réel impact de l’enseignement supérieur sur le développement. Naturellement, une attention singulière doit être accordée à la génération majoritaire en formation initiale. L’accès à l’enseignement supérieur est un droit consacré par la constitution des Etats-Unis d’Amérique. Il est paradoxal de constater que dans l’enseignement supérieur public, les places ne soient pas saturées au moment où des jeunes bacheliers ne sont pas admis. Il ne s’agit point de reproduire le modèle de l’UCAD mais, tout de même, les structures publiques doivent saturer leurs capacités d’accueils. La responsabilité incombe aussi bien aux dirigeants des universités, aux enseignants, au gouvernement qu’à la société. Des infrastructures de qualité doivent être érigées dans les universités nouvellement créées. Les universités de Kaolack, Diourbel, Tambacounda et la deuxième université de Dakar doivent être construites et ouvertes dans les meilleurs délais. Un Fonds d’impulsion de l’enseignement supérieur peut prendre en charge cette ambition. La coopération internationale pourrait aussi apporter sa contribution avec, à la clé, une co-diplomation avec les universités des pays partenaires. Il ne s’agit pas de philanthropie mais de partenariat stratégique pour le déploiement de l’entreprise et du commerce à partir de standards définis. Il est clair que la position particulière du Sénégal, sa stabilité politique et son potentiel technologique autorisent plus de partenariat avec des universités étrangères. Nous avons relevé cette opportunité au début de notre propos. Avec les résultats obtenus grâce à l’université de Ziguinchor, toutes les régions souhaitent la création et le développement de leur université. La création de nouvelles universités n’est pas antinomique avec la concentration de plus moyens dans certaines d’entre elles pour le respect des standards. D’ailleurs, en Afrique en général et au Sénégal en particulier, ce diptyque doit être exploré à fond. La mobilité et le réseau informatique d’enseignement et de recherche permettront une meilleure synergie dans le sous secteur.

Il ne s’agit plus non seulement de favoriser l’accès mais aussi et surtout de transformer nos institutions d’enseignement supérieur en institutions de succès. Certains proposent un changement de référentiel. Il me semble que le problème n’est pas le référentiel mais bien les contenus et la stratégie pédagogique. Au niveau international, il est accepté que le système d’enseignement secondaire des Etats-Unis d’Amérique qui est de six années, est un des plus mauvais au monde, mais on reconnaît que son système d’enseignement supérieur est un des plus efficaces pour ne pas dire le meilleur au monde. Il est clair que nous devons renforcer les liens entre l’enseignement supérieur et les autres segments du secteur particulièrement l’enseignement secondaire. Nous devons mieux gérer les flux des formés en amont du bac. Une attention particulière doit être portée sur les élèves des séries scientifiques. Nous devons, tout en gardant le référentiel, accorder aussi une attention particulière aux contenus, à leurs modes de transmission et aux évaluations des pratiques. La réforme en cours n’a de sens que si, par les formations aux standards internationaux, nous prenons en charge les atouts culturels, économiques et sociaux du Sénégal et de l’Afrique. Aujourd’hui, quelles sont les formations pertinentes ? Une filière dans l’enseignement supérieur doit-elle avoir une durée de vie ? Comment bâtir en permanence des filières au sein des départements, entre les départements et entre les établissements ? Grâce à l’électronique, beaucoup de ressources pédagogiques sont disponibles sur le web. Il est possible de respecter les standards et de changer les modes de transmission. Les équipes pédagogiques des différents établissements, seules ou en réseau, peuvent mettre tous leurs enseignements en ligne. D’ailleurs, nous le savons, MIT a mis tous ses enseignements en ligne. Avec l’UNESCO, dans le cadre du Campus Virtuel Africain, nombre de cours au standard sont entrain d’être mis sur le web. Il est possible d’explorer à fond la co-diplômation pour asseoir davantage le respect des standards internationaux. Nous devons mettre en place un système de tutorat pour le premier cycle et, en rapport avec les doctorants, exploiter à fond le virtuel. Ce dispositif autorise la création d’une université virtuelle Sénégalaise. Elle pourrait être celle de l’UCAD au départ pour devenir Sénégalaise tout simplement à terme. Sinon, elle peut être Sénégalaise au départ et, à terme, chaque université aura son université virtuelle. Il est toutefois urgent que nous changions de modèle pédagogique et de stratégies d’évaluation. Comment comprendre que des étudiants, au 21ième siècle, apprennent par cœur les cours ? Je suis chaque fois choqué quand je vois des étudiants, documents en main, arpenter les couloirs de l’université pour en mémoriser les contenus. De nos jours, toutes les ressources sont disponibles en ligne ; nous devons travailler sur la capacité des étudiants à les rechercher et à les exploiter. Dans nombre de structures, les documents sont autorisés lors des évaluations. Nous devons aussi, dans cette compétition mondiale, revoir notre grille de notation. Avons-nous la même grille que les américains, les japonais ou les français ? Nous handicapons beaucoup nos étudiants, pourtant bons, dans leur mobilité internationale.

L’université, dans son essence comme dans ses visées, repose sur trois paradigmes : le savoir, le savoir-faire et le savoir-être. Si elle n’a aucun mal à prendre en charge les deux premiers, le troisième n’est pas très bien traité. Pourtant, le savoir-être est à la base de la transformation effective de la société par l’enseignement supérieur et ses produits. Pour une bonne prise en charge du savoir-être des étudiants, les universités rivalisent d’ingéniosité. L’orientation majeure est de mettre en situation les étudiants au cours de leur formation. Beaucoup d’universités mettent en place des emplois réservés étudiants. Outre les ressources financières des apprenants, les résidences sont essentielles. Le rapport nombre de lits par étudiant est un déterminant essentiel pour les performances de l’enseignement et surtout pour lui permettre de mieux assumer sa fonction de transit social. Dans la plupart des grandes villes le système d’hébergement des étudiants est largement déficitaire. A Paris, il est d’un logement pour cent étudiants. Il y existe toutefois un système d’hébergement alternatif même si les étudiants travaillent de plus en plus pour honorer les charges. Ceci, reconnaissons le, engendre beaucoup d’échecs. Certains ne savent pas que le logement chez l’habitant existe à Dakar. Tous les étudiants américains qui font leur « studies abroad » à l’UCAD, sont logés chez l’habitant. Il est clair que les coûts d’hébergement ne sont pas à la portée de nos étudiants. Comment, par nos valeurs de solidarité, faciliter le logement des étudiants ? Certains diplômés, dans le cadre de la Fondation, peuvent-ils sponsoriser des étudiants ? En rapport avec les structures décentralisées et d’autres partenaires, nous pouvons créer des cités internationales dans toutes les villes universitaires du Sénégal. Les résidences des étudiants ne doivent pas être considérées comme de simples dortoirs. Des programmes sont élaborés pour aider les étudiants à mieux se préparer pour la vie, par le biais du sport, des activités culturelles, mais aussi de plus en plus par des services citoyens. L’animation culturelle doit dépasser le seul volet musical en intégrant les conférences. Mais, est-ce que nos étudiants sont suffisamment curieux pour se bousculer devant les salles de conférences ? De plus en plus, les étudiants ne prennent en considération que les enseignements faisant l’objet d’une évaluation. Ils ne cherchent pas à élargir leur horizon. Pour asseoir le savoir être des étudiants, beaucoup d’universités mettent en place des programmes dits de citoyenneté des étudiants. Ces programmes permettent aussi à l’université de mieux assumer sa responsabilité sociale. L’engagement citoyen de l’université renfonce son efficience. A cet effet, L’UCAD a initié « UCAD en Fête » et les camps citoyens. Dans la perspective des Etats-Unis d’Afrique, l’UCAD organise annuellement « UCAD en fête » ou la fête des nationalités. Avec 44 nationalités représentées, UCAD en fête offre l’opportunité pour chaque pays de montrer ses atouts culturels et différenciés. Les camps citoyens de l’UCAD ont donné des résultats exceptionnels. En effet, outre les campus satellites de l’UCAD à Pikine, Khombole, Mbour et bientôt à Rufisque, l’UCAD envoie des étudiants en milieu rural pour reboiser, alphabétiser, initier à l’informatique et mener des campagnes sanitaires. En 2009, 450 étudiants ont été mobilisés et répartis sur 9 sites. En moyenne, ils ont reboisé 100 hectares par site, consulté et donné des médicaments à 200 patients par jour pendant 12 jours, alphabétisé environ 500 femmes et initié à l’informatique 500 jeunes et certains élus locaux. Ces résultats, obtenus grâce au partenariat avec des ministères chargés de l’environnement, de la santé, l’alphabétisation et l’agence de l’informatique de l’Etat, ont une signification particulière pour notre Institution. L’université retient que les étudiants reviennent aguerris et un peu plus conscients de leurs responsabilités et des tâches qui les attendent. Cette innovation est saluée par la communauté internationale. Et, des jeunes d’Afrique et d’ailleurs veulent se joindre aux étudiants de Dakar. C’est aussi une occasion pour mobiliser les étudiants du monde entier dans la construction de la grande muraille verte. En plus de ce que cela représente pour leur devenir individuel, ces actions contribueront à la promotion de la paix dans le monde. Les universités, en synergie avec les gouvernements, les privés et les ONG, peuvent mobiliser les moyens ad hoc. Cette approche participative est conforme aux orientations de la communauté scientifique internationale qui recommande la pluridisciplinarité pour traiter des questions complexes. Il nous revient que la démarche contribue fortement à la réalisation des Objectifs du Millénaire Pour le Développement. L’UCAD mène ses campagnes en partenariat avec les ministères techniques chargés des domaines ciblés, l’Agence de Régulation des Télécommunications et des Postes, l’Agence de l’Informatique de l’Etat, le Port Autonome de Dakar, l’IUCN, Arcelor Mittal, la Fondation SONATEL. L’UCAD est disposée à partager cette initiative avec toutes les agences, sociétés publiques, privées, ONG, etc. désireuses d’assumer, sous cette forme, leurs responsabilités sociales. Les populations ont bien apprécié la présence de l’Université à leurs côtés. C’est ainsi que la communauté rurale de Niakhène a octroyé 50 hectares à l’UCAD. Notre université devra répondre aux trois questions des donateurs : comment produire autrement ? Comment transformer localement les produits ? Et, comment avoir plus de parts de marché ?

En définitive, si l’université est l’élément de transformation, par essence, de la société, nous devons collectivement définir une déontologie, une éthique dans toutes les structures d’enseignement supérieur et des éléments d’identité de chaque établissement que la communauté locale met en place. La société doit définir les valeurs à promouvoir conformément à notre legs historique. La foi en la connaissance, le travail, l’éthique et la solidarité doivent y occuper une place fondamentale. La société, pour sa propre promotion et dans une mystique de la promotion sociale du plus grand nombre, doit mener le débat sur les valeurs à promouvoir par et dans les établissements d’enseignement supérieur. Le savoir-être est aussi au cœur de la reconstruction, particulièrement en Afrique et au Sénégal. Chaque institution, par un débat interne de toutes les composantes, doit aussi définir ses propres valeurs.

L’objet est bien de définir ensemble nos objectifs et finalités ultimes en créant une mystique du possible et en articulant notre savoir vivre ensemble avec un bien être partagé par le plus grand nombre. Tout ou presque tout est possible. Il nous appartient, en puisant sur nos propres valeurs, de définir nos objectifs et de travailler pour les atteindre. Les peuples diffèrent aussi par les objectifs qu’ils se fixent et leur engagement pour y arriver. La valeur la plus importante est ce que l’on apporte et non ce qu’on reçoit. Oui, beaucoup de choses sont possibles aujourd’hui dans des délais relativement courts. Si nous le voulons sincèrement, car si nous le voulons, nous le pouvons !

Prof. Abdou Salam SALL

Recteur de l’UCAD

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Messages

  • 1. L’Enseignement Supérieur au Sénégal : Enjeux et Perspectives, 7 octobre 2009, 16:22, par madické

    Mes félicitations Professeur !!!

    La valeur d’un universitaire se mesure,entre autres,par la quantité et surtout la qualité de ses publications, de ses contributions

    Existe-t-il des données comparatives pour les universités(UEMOA, CEDEAO, Afrique, Monde) avec des indicateurs par filière,tels que : Coût/étudiant, taux d’encadrement, taux de réussite, taux de recrutement (fonction publique, privé),etc...?

    madicke53@yahoo.fr

  • 2. L’Enseignement Supérieur au Sénégal : Enjeux et Perspectives, 8 octobre 2009, 12:37, par momo

    Vous ne racontez que des bêtises et des incohérences.

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